Si je m'occupais d'un enfant, je ne lui donnerais pas de viande. Les gens me diraient: «D'accord que tu fasses ce choix de ne pas manger de viande; mais tu n'as pas le droit d'imposer ton choix à un enfant qui n'est pas en âge de décider».
Ils sont culottés les gens. Ne pas donner de viande à un enfant serait lui imposer un choix; le faire participer sans qu'il le sache à l'abattage des animaux, lui faire manger de la chair d'êtres bien vivants tués pour ça, en lui cachant souvent la nature de ce qu'il mange, en lui cachant le rapport entre le lapin dans son assiette et le lapin en peluche dans son lit, ce ne serait lui imposer aucun choix. C'est le choix banal, le choix que fait tout le monde, c'est «aucun choix».
Même avant que je n'aie appris à dire «oui» ou «non», on m'a placé sans que je ne le sache dans le circuit de la violence. On m'a fait manger la chair des veaux qu'on me faisait caresser dans les prés. Ça me dégoûte. Et quand j'ai compris ce que c'était, et que j'ai voulu refuser, on m'a forcé, pendant plusieurs années. Et j'ai fini par céder, par oublier.