Sur la non-neutralité de genre des textes

 

Certains des textes sur ce site sont écrits avec une graphie «féministisée», caractérisée par le refus de la règle grammaticale habituelle du masculin générique. Un exemple:

Le principe éthique et politique d'égalité de toutes les individues de l'espèce humaine est aujourd'hui reconnu par presque toutes. Il est admis quasi universellement que toute discrimination entre individues humaines basée sur un critère arbitraire est injuste et doit être abolie.

Les motivations que David Olivier et moi-même exposions dans un article des Cahiers antispécistes - «Pour ne pas véhiculer une autre discrimination...» - me semblent toujours valables. La règle du masculin générique est celle selon laquelle l'être humain standard est un homme, les femmes n'étant incluses que par rattachement, un peu comme la Guadeloupe fait partie de la France. Par ailleurs, si le sexe est une fort belle chose, le genre et son omniprésence forcée dans notre esprit à travers le marquage de genre de toute phrase du langage me semblent d'un intérêt bien plus douteux.

Mon idéal serait que la langue française évolue vers une neutralité de genre, c'est-à-dire in état dans lequel le genre, comme toute autre caractéristique personnelle (âge, couleur de peau, opinions politiques...) ne serait indiqué que lorsque cela est pertinent. Les initiatives comme celle consistant à demander le remplacement de la règle du masculin qui l'emporte par celle de la proximité - voir cette pétition récente - vont dans le bon sens, sans régler l'ensemble du problème.

Pour ma part, j'ai depuis un moment renoncé à la «féministisation» systématique des textes que j'écris, en raison de sa lourdeur, de ses inconvénients typographiques et esthétiques et de son imprononçabilité. Je donne une préférence à une «féministisation» light à travers un usage accru de tournures neutres ou équilibrées en genre (à travers de mots comme «personne», par exemple).

Partisanes comme opposantes de la «féministisation» me pardonneront j'espère ce qui représente un compromis, par ailleurs appliqué de manière inconstante.